1.0 – Le biais de confirmation
On gagne toujours à s’ouvrir à d’autres points de vue à laisser de la place à l’inconnu, à ne pas s’enfermer dans des doctrines, des façons de penser qui deviennent de véritables autoroutes et qui nous coupent de certaines réalités. Aujourd’hui j’avais envie de vous parler de ce qu’on appelle le biais de confirmation parce que faut comprendre que l’inconscient nous joue des tours :
Le biais de confirmation c’est un biais cognitif qui nous conduis à mettre en avant des informations qui vont venir confirmer ce que l’on pense exact.
On peut distinguer entre autre les erreurs de perception et d’évaluation et une opposition à des démarches et procès logiques. C’est à dire qu’on va faire inconsciemment abstraction d’une certaine forme de réalité pour pouvoir nourrir ce point de vue que l’on pense absolument exact. Et donc en d’autres termes le biais de confirmation s’appuie sur des croyances et quand on dit croyances, finalement ç veut dire qu’il ne s’agit pas de la réalité mais de la perception que l’on a de la réalité.
Ce biais de confirmation peut nous pousser à aller chercher un certain type d’information à un certain endroit : c’est à dire de côtoyer des personnes qui vont confirmer nos points de vue, de lire, de s’approprier où d’être attentif à des médias ou à des sources d’informations.
Ceci va confirmer notre point de vue en faisant abstraction à des faits objectifs qu’on aura pas forcément envie de regarder parce qu’ils viendraient altérer cette croyance. L’information est donc complément coloré par notre vécu, par notre histoire, par notre environnement et de fait on arrive à consciemment se retrouver dans des situations extrêmement confortable puisque on agit dans des mondes qui sont connus alors que aller vers d’autres horizons, aller chercher la différence, aller chercher des faits objectifs, ça va nous demander des efforts, ça nous demande de l’attention qu’inconsciemment on n’est pas forcément prêt à mettre en œuvre. Ce biais de confirmations agit dans tous les univers de la vie et certaines études l’explique mieux que moi.
1.1 – La recherche le démontre
Dans The Little Book of Stupidity, Sia Mohajer écrit :
« Le biais de confirmation est tellement ancré dans votre développement et votre réalité que vous ne vous rendez probablement pas compte de sa présence. Nous recherchons des éléments qui confirmeront nos croyances et nos opinions sur le monde mais excluons ceux qui viennent les contredire… Dans le but de simplifier le monde et de le rendre conformes à nos attentes, nous avons eu la grâce de recevoir les biais cognitifs.
Accepter l’information qui confirme nos idées est facile et demande peu d’énergie. En essayant d’économiser de l’énergie, notre esprit va rechercher l’information de telle sorte que notre interprétation de la preuve sera biaisée. »
Dans La théorie du cygne noir Taleb prouve que notre savoir est fragile : pendant longtemps on croyait que tous les cygnes étaient blancs parce que tout les signes observée était blanc. Hors, la vue d’un seul cygne noir suffit à prouver que tous les cygnes ne sont pas blancs. Cette situation est arrivée lors de l’exploration de l’Australie.
Dans un autre exemple, Sönke Ahrens, How to take Smart Notes dit que le processus d’écriture classique qui est de chosir son sujet puis de trouver des sources qui permettent de le confirmer favorisent largement le biais de confirmation.
2.0 – L’ux et le biais de confirmation
Au cours de ma dernière expérience entant que UX designer à Cegid (éditeur de logiciel dédié aux cabinets comptable et au retail) j’ai eu plusieurs fois l’occasion de rencontrer ce biais cognitif et je m’en suit rendu compte assez tard. Travailler sur un projet pendant plusieurs mois et ne pas considérer un commentaire, qui viendrai remettre en question tout mon travail par exemple, ou encore considérer que l’intervention des dev’s ne se fait qu’à la fin d’un projet.
Cela peut sembler contre-intuitif voire contradictoire, mais le meilleur moyen de réellement prouver nos croyances ou nos hypothèses est de chercher les preuves du contraire. L’infirmation est bien plus utile que la confirmation lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes comme les choix de conception pour un logiciel qui touche +100 000 utilisateurs/jour. Les expériences scientifiques qui peuvent être considérées doivent être réfutables. Une théorie qu’il n’est pas possible de réfuter ne doit pas être considérée comme valide selon moi.
Il n’y a pas d’astuce simple pour éviter ce raccourci. Comme tous les biais cognitifs, il était là au départ pour nous aider à apprendre et à prendre des décisions rapides. Être conscient de son existence est probablement la meilleure défense possible. La prochaine fois que vous aurez une décision importante à prendre, au boulot par exemple, voici quelques questions que je me suis posé :
- Avec quoi je suis automatiquement tombé d’accord ?
- Et si je considérais l’hypothèse contraire ?
- Comment ai-je réagi quand j’étais d’accord ? Et quand je n’étais pas d’accord ?
- Est-ce que cette présentation/réunion a confirmé des idées que j’avais déjà ? Pourquoi ?
Prendre conscience du biais de confirmation n’est pas facile, mais avec l’habitude, il est possible de reconnaître le rôle qu’il joue dans notre interprétation de l’information. Le biais de confirmation peut avoir de graves conséquences dans la recherche et la conception UX, car il peut déformer les perspectives en excluant les options alternatives et en n’acceptant pas le désaccord. Reconnaître et surmonter le biais de confirmation conduira à une meilleure prise de décision, à la recherche et, éventuellement, à de meilleurs produits et expériences.
Attention, il existe plusieurs façons de nous faire affecter par ce biais :
- Poser des questions biaisées et mettre en place un test afin de chercher à confirmer vos hypothèses plutôt que d’enquêter sur d’autres problèmes ou causes possibles
- Ignorer les preuves qui pointent dans une direction différente (par exemple, dans un test d’utilisabilité)
- Interpréter des preuves ambiguës en faveur des hypothèses ou suppositions faites antérieurement
2.1 – Quelques tips pour déjouer ce biais
Voici quelques astuces recueillies lors mes expériences pros et recherches, elles peuvent vous aider dans dans la recherche/conception UX et même dans la vie de tous les jours :
Rechercher plutôt que valider
Découvrir ce nous ne savons pas
Nous devons avoir un état d’esprit ouvert et viser à tester des hypothèses et des suppositions au lieu de les valider. Nous devons rapidement reconnaitre que nous sommes sur la mauvaise vois afin d’éviter une conception peu prometteuse
Pour éviter ce cycle de validation comprenez que l’étape de planification de toute étude utilisateur doit inclure un examen complet des objectifs du test.
Collectez les premières données.
Récoltez rapidement
Nous devons avoir un état d’esprit ouvert Moins vous avez investi de temps, de ressources et d’émotions dans une certaine conception, moins vous serez biaisé lors de l’interprétation des observations de la recherche d’utilisateurs
Les questions impartiales
Restez neutre
Lorsque nous recueillons des feedback utilisateur, il faut éviter de poser des questions suggestives. Les participants sont des êtres humains et ils voudront souvent se sentir utiles et plaire à l’animateur en s’efforçant de réfléchir à ce qu’ils pensent être dans votre intérêt et avec le même point de vue.
Triangulation méthode
Augmenter la crédibilité et la validité
Croisez les sources de données, il faut le faire avec des données provenant de plusieurs sources différentes telles que des tests utilisateurs, des analyses, des études quantitatives ou des journaux de service client etc
Citations
“Nous sommes ce que nous croyons que nous sommes”
Sia Mohajer – The Little Book of Stupidity
“Le journaliste moyen qui vous pose une question n’écoute pas votre réponse: il écoute son préjugé.”
Charles Dantzig – Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005
Lectures
The Little Book of Stupidity, Sia Mohajer
The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable
Et si le bonheur vous tombait dessus
How to take Smart Notes, Sönke Ahrens
Hallihan, GM et Shu, LH (2013). Considering confirmation bias in design and design research.
Remerciements
Je remercie Orianne Iwanow et toute l’équipe Cegid, tout d’abord pour m’avoir donné une chance d’évoluer dans un grand groupe mais aussi pour tout ce qu’elle a pu m’apporter pendant cet 1 an d’alternance. Ses conseils avisés m’ont permis d’apprendre énormément de choses et donc d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences. Je la remercie également pour la confiance qu’elle a su m’accorder dès les premiers instants.
Je remercie également l’ESD et quelques étudiants pour ceux ces deux années riches en bonnes choses!